Pierre Graille nous a quittés hier soir. Il avait 98 ans.

Publié le 6 Mai 2014

 

 

 

PIERRE GRAILLE

 

 Notre ami le grand santonnier Pierre Graille nous a quittés hier soir, lundi 6 mai 2014. Il avait 98 ans.

Homme aux multiples talent Pierre Graille parlait parfaitement « sa lengo dou brés » (1), c’était un grand ami du Salon des Santonniers d’Arles auquel il a régulièrement participé. Aro es ana sus lou camin de Sant Peire, et sa disparition nous attriste. A Régine sa fille et à toute sa famille nous présentons nos sincères condoléances.

Né le 25 avril 1915 à Marseille.

Orphelin de la première guerre mondiale en octobre 1915 : son père meurt à 32 ans dans les tranchées à Verdun.

Il chante à la paroisse St Antoine en 1922 et joue la pastorale Maurel au patronage de l’espérance en 1925, que déjà son père et sa mère jouaient en 1913.

A Notre Dame limite (Marseille) Pierre est enfant de chœur de l’abbé Sumien, qui a été le créateur du santon provençal habillé, et c’est avec lui qu’il apprend à faire les santons « le santon c’est sacré, il faut le faire à genoux ! Le santon, c’est vivant. Si tu ne peux donner la vie, donne lui au moins une âme.» c’est ensuite en restaurant les santons d’église qu’il se perfectionnera dans cet art du santon habillé.

 Pierre Graille fait son premier santon en 1925, il a 10 ans.

Il fait des études de chant d’opéra au conservatoire de Toulouse en 1935-36, et part à la guerre en 1939. Il y rencontre Mathieu Varille qui était officier dans la Marne et s’occupait de la troupe de théâtre des armées. Tous deux montent une chorale et donnent des concerts. Il apprend aussi que Varille collectionne les santons !

En 1941 Il se marie avec Sylvie Spagnoly.

Il est nommé receveur des postes en Auvergne en 1943. Loin de la Provence, Pierre Graille fait sa première crèche habillée pour sa fille Bernadette.

Nommé facteur-receveur à Grambois dans le Vaucluse en 1945. il y trouve les gens tellement beaux qu’il se met à faire des portraits.

Premiers portraits à Grambois : Le Père Criquet, 85 ans, en 1945, dernier cocher de la diligence Pertuis /  Grambois. Le Père Boyer, le Père Gobert, le vannier. Sa femme Sylvie confectionne les costumes. Plus tard, elle sera aidée de Tante Julie et de Lucile Bonnet.

Le receveur des Postes, qu’il est a toujours eu pour passion le santon et était en quelque sorte le portraitiste de l’administration des postes : « Chaque fois qu’un nouveau ministre était nommé j’étais appelé à Paris par mon administration et je réalisais le portrait en argile du ministre pour en faire un santon… Mais il arrivait que je n’avais pas terminé le santon lorsque le ministre était déjà changé ! »

Il réalise aussi des santons représentant les porteurs de courrier à travers les siècles pour le musée de la poste. Ceux-ci ont été exposés sur le bateau France.

Ses premières expositions en 1950 ont lieu au château de Lourmarin, invité par Mathieu Varille et Henri Bosco.

En 1955, 56 et 57, il expose ses santons et ses céramiques au salon des PTT, rue du Bac à Paris.

En 1965, il expose à la galerie Jouvenne à Marseille.

1965 médaille d’or du meilleur ouvrier de France, remise par Charles de Gaulle

En 1977, deux timbres représentant deux santons sont réalisés par la Croix Rouge et la Poste.

Homme de culture, il invite le théâtre à Grambois, les nuits d’été dès 1949. Sans subvention, la Comédie Française joue Le Bourgeois Gentilhomme, Le Cid etc. 

Il constitue 2 crèches, une crèche en santons et aussi une crèche vivante en costumes provençaux  pour la veillée de Noël à l’église de Grambois.

Une de ses oeuvres la plus célèbre est la grande crèche de Grambois installée chaque année en décembre dans l’église paroissiale Notre Dame de Beauvoir. Pierre Graille a réalisé des dizaines de santons à l’effigie des habitants du village. Son installation en présence de la famille ou des santonnifiés eux-mêmes a parfois donné des scènes épiques et cocasses.

 

Il se consacre également à la sculpture sur bois, et plus rarement sur pierre, principalement sur des sujets religieux. Santonnier et sculpteur, Pierre Graille avait la passion de la matière, et si ses sculptures en bois et pierre sont peu connues ce sont des œuvres remarquables.

Beaucoup de ces sculptures sont placées dans des églises et des chapelles. Mais la plus grande exposition permanente, c’est bien dans son atelier à Grambois, où de nombreux amis viennent le voir : Giono, Bosco, Marie Mauron, Delteil, Cartier-Bresson, Camus et tant d’autres.

 

Il était aussi très habile dans l’art de la faïence  réalisant à la commande ou pour son simple plaisir des pièces utilitaires.

C’est dans ce pays d’Aigues qu’il a découvert la faïence, et comprend que cette terre du pays d’Aigues est exceptionnelle. Il part la chercher dans les vignes, et l’a décrit comme délicieusement belle, collant parfaitement à la main.   

Dès 1946 Pierre commence à cuire dans le four de la cuisinière avant de construire un four à bois dans un petit jardin en contrebas du village où il cuit la nuit. Le dimanche il s’en va c hercher le bois dans la colline.

Il cherche cette alchimie entre la terre et l’émail.

IL cherche ce blanc qui laisse deviner la terre comme la lumière sur la peau nue d’une femme ou comme la transparence sur une fleur d’amandier.

Il cherche les couleurs : le jaune à partir du tartre laissé par les vins sur les parois des cuves. Le jaune encore avec le lait de la fleur de figuier. Le rouge, fabriqué avec l’or des chaînes de baptême de ces filles, le bleu avec le cobalt que lui avait vendu le pharmacien de la tour d’Aigues, M. Comte.

 

On  connaît encore moins ses talents de chanteur, et c’est bien dommage Baryton, chaque année il entonnait le minuit chrétien avec ferveur, et il était très sollicité. C’était aussi un grand chef de chœur.

 

Homme aux multiples talent Pierre Graille parlait parfaitement « sa lengo dou brés » , c’était un grand ami du Salon des Santonniers d’Arles auquel il a régulièrement participé. Aro a fa sa despartido sus lou camin de Sant Peire, et sa disparition nous attriste. A Régine sa fille et à toute sa famille nous présentons nos sincères condoléances.

 

La profession vient de perdre un de ses plus grands artistes.

Philippe Brochier,

président du Salon International

des Santonniersd'Arles

 

 

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Sur la crèche te les santons de Pierre Graille : link

et ici : link

Rédigé par Salon International des Santonniers d'Arles sur Rhône.

Publié dans #Vie de l'association

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S
j ai toujours aime les santons depuis que je suis ne et un jour après un reportage a la tv sur monsieur graille j ai été émerveille par le travail de ce monsieur j ai voulu le rencontrer mais je suis venu le voir a Granbois mais il était midi passe je n est pas voulu le déranger et voila aujourd'hui ce grand monsieur est parti j ai un regret monstre de ne pas avoir serre la main de ce monsieur ...tout mon respect a ce Monsieur
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J
Nous voulons présenter nos plus profondes et sincères condoleances tout d'abord à la famille de Pierre Graille mais aussi à tous nos amis du monde santonnier, qui aiment ce métier.<br /> Tu vas nous manquer Pièrre!!<br /> Jordi et Laura
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